mardi 30 juin 2020

Les Clôtures Electriques


L'électrificateur :

L'électrificateur est à l'heure actuelle un matériel performant, pour en être satisfait, il faut savoir choisir l'appareil le mieux adapté, mais également prendre les précautions nécessaires afin d’installer correctement la clôture.

La quantité d'énergie délivrée :

L'énergie nécessaire pour repousser un animal est d'environ 0,1 joule, pour que cette énergie soit disponible à l'endroit ou l'animal réalise le court circuit entre le fil et le sol, il est nécessaire que l'électrificateur délivre à la source une quantité de courant supérieure capable de compenser les pertes dues à la résistance du fil de clôture, à la terre et aux herbes qui touchent le fil. la puissance des électrificateurs est fixée par une norme Européenne fixant le seuil de tension à 10 000 volts et à 5 joules l'énergie maximale délivrée. Cette quantité d'énergie est largement suffisante pour provoquer l'effet de dissuasion escompté face à n'importe quel type d'animal, sans risques pour les personnes ou le bétail.

Au pré l'électrificateur peut être alimenté par une pile ou bien par une batterie au plomb. A la ferme il est branché sur le secteur, l'énergie délivrée est plus élevée et plus stable, car elle ne dépend plus du niveau de charge de la batterie.

Les électrificateurs actuels, électroniques, sont dits à basse impédance, c'est à dire que leur résistance interne est très basse (environ 300 ohms contre 10 000 ohms pour les anciens modèles). Le principal avantage de cette évolution est de les rendre pratiquement insensibles aux herbes touchant le fil puisque l'arc électrique produit est suffisamment puissant pour griller la végétation en contact et de ce fait éliminer la cause du court circuit. Plus l'électrificateur est puissant et plus il consomme de l'énergie, ainsi les modèles de 3 à 5 joules sont généralement réservés à une alimentation par le secteur; viennent ensuite les modèles à batterie 12 volts (0,2 à 2,2 joules) puis à pile 9 volts (0,16 à 1 joule) ces appareils sont souvent dotés de deux niveaux d'énergie ou d'un variateur de puissance permettant après dressage des animaux à énergie maximale, de limiter la consommation de manière à faire durer l'accumulateur. Pour augmenter l'autonomie des électrificateurs transportables tout en conservant un niveau de puissance maximale, les constructeurs proposent des panneaux solaires de recharge dont le prix devient abordable.

Chaque électrificateur est un compromis: les plus puissants ont moins d'autonomie, les solaires sont plus onéreux, les appareils dotés de piles sont sans entretien et insensibles au gel, en contre partie leur autonomie est limitée et leur puissance réduite. La batterie dure entre 4 et 5 ans et permet d'alimenter des électrificateurs plus puissants, il faut en échange la recharger périodiquement même si on ne l'utilise pas. En pleine saison il ne faut pas attendre sa décharge complète afin d'éviter le sulfatage prématuré des plaques; nettoyer les cosses; l'été, vérifier souvent le niveau de l'électrolyte et faire l'appoint si nécessaire avec de l'eau distillée, la batterie étant souvent très déchargée après utilisation il est impératif de la recharger très lentement, avec un chargeur réglable en ne dépassant pas une intensité de charge supérieure au dixième de la capacité de la batterie (exemple pour une batterie de 35 Ah maximum 3,5 ampères).

Le choix d'un électrificateur s'effectue en fonction du mode d'alimentation souhaité et de sa puissance: la longueur électrifiable n'est pas une caractéristique, souvent donnée à titre indicatif, elle ne peut pas être un critère de choix car elle est déterminée à partir d'un calcul purement théorique ne tenant pas compte des pertes inévitables liées à une prise de terre et à des fils résistants ainsi qu'à des fuites par contact avec la végétation. L'élément de comparaison le plus significatif entre les différents modèles est le niveau d'énergie que l'électrificateur peut délivrer en joules. C'est la clôture qui est révélatrice d'un bon électrificateur, les déboires proviennent souvent d'une clôture mal entretenue ou mal réalisée et dans ce cas toute augmentation de puissance est illusoire.

La mise à la terre :

Le rendement de l'installation, c'est à dire le quotient de l'énergie qui provient à l'animal par l'énergie délivrée par l'électrificateur est fortement compromis par la qualité de la prise de terre; en effet pour que la décharge de courant traverse l'animal il faut deux fils: celui constitué par le fil de la clôture et puis la terre matérialisant le deuxième conducteur. La qualité de la prise de terre est primordiale. Son efficacité est directement liée aux conditions climatiques: l'hiver le sol est humide et bon conducteur, un piquet de terre suffit; en période sèche, il convient de favoriser la mise à la terre en multipliant les contacts. Certains constructeurs préconisent un mètre de piquet enterré par joule: 5 joules = 5 mètres, 1,2 mètres par piquet pour atteindre l'humidité en profondeur. Sur les deux ou trois fils que compte la clôture on peut en relier un à la terre: lors d'une tentative l'animal sera ainsi le lien direct entre les deux fils. On peut améliorer la qualité de la prise de terre en utilisant du fil de cuivre, du grillage ou bien de la tôle galvanisée enfouie à plat et que l'on arrose en période sèche.

La clôture :

La qualité du fil conducteur est essentielle, trop peu d'utilisateurs savent que le fil nylométal orange classique à trois brins inox est totalement inadapté aux clôtures modernes à basse impédance, en effet la résistance au passage du courant de ce fil est d'environ 7500 ohms/Km alors que la résistance du fil de fer galvanisé (2,5mm de diamètre) n'est que de 25 ohms/Km: trois fois plus efficace !

Pour les clôtures fixes le fil de fer est sans nul doute le mieux adapté, il est économique bon conducteur et résistant, il convient de l'installer grâce à des isolateurs porcelaine ou plastique fixés sur de solides piquets: le fil doit être correctement tendu. Le fil doit être plutôt bas que haut, rarement les animaux domestiques sautent un fil électrifié, en revanche si le fil est trop haut la décharge se fait sur l'encolure, l'animal a tendance à se jeter en avant au lieu de reculer il passe alors en force parfois suivi de ses congénères (pour les ovins les caprins et les bovins).

La clôture doit être nettoyée régulièrement des herbes des ronces et des fougères qui touchent le fil et provoquent un arc électrique qui non seulement crée une perte d'énergie mais brûle le fil ou le ruban au point de l'affaiblir et de provoquer sa rupture. Lorsqu'on utilise du ruban, l'isolateur doit être conçu pour ne pas user le fil qui bouge sans cesse à cause du vent. Les isolateurs qui ne sont pas traités contre les rayons ultra violets du soleil se craquellent et créent une fuite de courant dès qu'ils sont humides. Les moutons et les chèvres font partie des animaux difficiles à garder si l'on ne prend pas certaines précautions, plus isolés que les autres animaux (par la toison et les onglons), on a de plus constaté que contrairement aux vaches et aux chevaux ils font des tentatives de passage périodiques, ce qui oblige à entretenir plus régulièrement la clôture.

Le fil de la clôture doit être bon conducteur pour punir efficacement, mais doit aussi être suffisamment visible pour ne pas que les animaux se jettent dessus parce qu'ils ne l'ont pas vu. Les bovins et les ovins distinguent correctement le fil électrifié et cela d'autant mieux qu'ils se déplacent relativement lentement, les chevaux, surtout lorsqu'on les lâche dans une nouvelle pâture font plusieurs tours de reconnaissance ou de jeu au galop, leur vision étant différente ils distinguent mal le fil. On sait maintenant que les chevaux distinguent les couleurs (et dans l'ordre le jaune, le vert, le bleu, le rouge) mais moins bien que nous; ce qui facilite leur vision des limites de l'espace attribué est bien sûr le ruban, plus large que le fil, dont la couleur contraste et qui bouge au moindre vent : le cheval étant très sensible aux mouvements même lointains le perçoit bien. Il faut savoir qu'il est interdit d'électrifier du fil de fer barbelé et qu'en bordure de la voie publique le panonceau "clôture électrique" est obligatoire tous les 50 mètres.

Le contrôle :

Pour éviter d'avoir à faire systématiquement le tour de la clôture, mais pouvoir déceler rapidement une anomalie, les constructeurs proposent des testeurs qui évaluent au point de mesure le niveau de tension entre le fil et le sol: on en déduit l'état d'isolement du fil.


Généralement une lampe s'allume à chaque impulsion. Parfois, un écran permet d'évaluer depuis l'électrificateur l'état d'isolement du fil de clôture.

Les testeurs à plusieurs lampes sont les moins onéreux et les plus répandus, les testeurs numériques sont plus précis; une lampe témoin d'un niveau d'énergie minimal à respecter peut être installée en bout de ligne à demeure sur un piquet. Lacmé fabrique une clôture avec répondeur qui indique sur le poste qui se trouve à la ferme le pourcentage d'isolement de la ligne. En matière d'élevage, l'électrificateur associé à la clôture a permis de réaliser des progrès considérables, permettant une meilleure gestion des pacages et une protection efficace des cultures, il exige en échange un minimum d'entretien de la part des agriculteurs.

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